– A letter to a woman in prostitution/Lettre à une femme prostituée (ENG/FR)

A letter to a woman in prostitution

Written by Ahuva Sheli (pseudonym), a survivor of prostitution

(Translated from Hebrew by Shunamith Carin)

« Hi, how are you? I am writing you this letter, hoping you will read it to the end.

Like you, I became trapped in the prostitution cycle five years ago. Before that, I had been raped, and violent partners took my kids from me.  My children were placed in institutions where they experienced rape attempts, mental and physical abuse, all of which were hushed up, leading me to rely more heavily on drugs. I understand. Like you I went through hell, met Satan, slept with him and was paid by him. I lived in a world of delusions and heard voices in my head. I was like you. I still choke sometimes – don’t think it’s otherwise.  I did blow jobs to survive, slept with all sorts of men for money, I am neither more nor less than you. Like you I wept at night — and I know what it’s like to live without parents, without a family, and having no one to turn to.  Hardly knowing what to do. Thinking of freedom. It is not freedom. It’s a trap!

I felt dead, just like you and I wanted to start living. I want you to live, to get up and call for help, not to give up on life. I too, like you, was lost. I tried to work in a few places but was refused a job, I tried cleaning homes but I had no home or clothing and I reeked, so no one took me on.

I got no national insurance and no rent subsidy because they claimed I was able to work. Prostitution scarred me, you know. The same scar that you have, don’t hide it. I used drugs like a dressing for a wound, but that didn’t cure me. Just made it worse.  Much worse. You are my sister. Stand up, get up; I promise it is not too late. I can’t promise everything will disappear, but the intensity of the pain will lessen. The dread will let go eventually. You are strong! I am here to support you, draw some encouragement; talk to me, share with me, I will help!

I remember what it was like standing at an intersection, that feeling when a stranger touches you, and you want to die – and then swallowing drugs to make it go away. But it doesn’t go away with the drugs.  And then detaching, knowing what it means to survive the streets. Together we can succeed. Only come on, do something, don’t give up when darkness descends, wrapping your soul and pumping despair into your veins.  There, in the street or in the car, think of me sister, and don’t forget, we can overcome!

Let’s join forces, go to organizations. Let’s not give up, let’s start to see the light. Yes, I know it’s scary, without faith, but all is not lost. I am calling on you to rise, you who are dead walking through the land of the living. Get up and take action, it is possible to get out, I know, despite the shackles on your arms and legs and the eyeshades binding you to a post in the street.

Come, we’ll help you, there are many places to go to today, we are no longer alone! We’ll untie your chains that are slowly killing you. How can you die when you are already dead? They are murdering you, don’t help them! I know that in your silence you are crying out « No more. »

Get up sister, you are no longer alone. »

11992394_10206751637443828_342455223_n©Sarit Vakrat

(this photo was chosen by Ahuva to accompany her letter/cette photo a été choisie par Ahuva pour illustrer sa lettre)

Lettre à une femme prostituée

écrit par Ahuva Sheli (pseudonyme), survivante de la prostitution

(traduit de l’Hébreu en Anglais par Shunamith Carin et de l’Anglais en Français par Lise Bouvet)

« Salut, comment vas-tu ? Je t’écris cette lettre en espérant que tu la liras jusqu’au bout.

Comme toi j’ai été prise au piège dans la spirale de la prostitution il y a cinq ans. Avant ça, j’ai été violée et des conjoints violents m’ont enlevé mes enfants. Mes enfants ont été placés dans des institutions où ils ont été victimes de tentatives de viols, de violences physiques et psychologiques, ce qui m’a poussée à prendre de plus en plus de drogue. Je te comprends. Comme toi, j’ai traversé l’enfer, j’ai rencontré Satan, j’ai couché avec lui, pour de l’argent. J’ai vécu la démence et j’ai entendu des voix dans ma tête. J’étais comme toi. Je suis encore en état de choc, ne crois pas qu’il puisse en être autrement. J’ai fait des fellations pour survivre, j’ai couché avec toutes sortes d’hommes pour de l’argent, je ne suis ni mieux ni moins bien que toi. Comme toi je pleure la nuit – et je sais ce que c’est que de vivre sans parents, sans famille et de n’avoir personne sur qui compter. Ne pas savoir quoi faire. Penser à la liberté. Mais ce n’est pas la liberté, c’est un piège !

Je me sentais morte et comme toi je voulais commencer à vivre. Je veux que tu vives, que tu te lèves et que tu cherches de l’aide, que tu ne renonces pas à la vie. Moi aussi, comme toi, j’étais perdue. J’ai essayé de travailler ailleurs mais on m’a refusé du travail, j’ai voulu faire des ménages mais comme je n’avais pas de toit ni de vêtements propres je sentais mauvais et personne n’a voulu me prendre…

Je n’ai eu droit à aucune aide sociale car ils prétendaient que j’étais apte à travailler. La prostitution m’a blessée tu sais. Cette même blessure que tu as, ne la cache pas. Je me suis servie de la drogue pour panser mes plaies mais elle ne m’a pas guérie. Cela a même empiré les choses. En bien pire. Tu es ma soeur. Lève toi, mets toi debout je t’assure qu’il n’est pas trop tard. Je ne peux pas promettre que tout va disparaître mais l’intensité de la douleur va diminuer. La peur finira par s’en aller. Tu es forte ! Je suis là pour toi, pour t’encourager, parle moi, ouvre toi à moi, je t’aiderai !

Je me souviens de ce que c’est que d’être plantée à un carrefour. Ce sentiment quand un étranger te touche et que tu veux mourir – puis se droguer pour que cela s’en aille. Mais ça ne part pas avec la drogue. Et puis se dissocier. En sachant ce que c’est que de survivre à la rue. Ensemble on peut y arriver. Mais viens, fais quelque chose, ne baisse pas les bras quand les ténèbres t’accablent, quand les ténèbres s’emparent de ton âme en injectant du désespoir dans tes veines. Dans la rue ou dans une voiture pense à moi ma soeur, et n’oublie pas que nous vaincrons !

Joignons nos forces, allons vers des centres d’aide. Ne nous laissons pas abattre, allons vers la lumière. Oui je sais que c’est effrayant sans la foi, mais tout n’est pas perdu. Je t’appelle à te lever, toi la morte qui marche parmi les vivants. Lève toi et agis, c’est possible de s’en sortir, je le sais, malgré les fers qui enserrent ton corps et les ornières qui t’enchaînent à un coin de rue.

Allez viens, nous allons t’aider, il y a plein d’endroits où aller aujourd’hui, nous ne sommes plus seules ! Nous déferons les chaînes qui te tuent à petit feu. Comment peut-on mourir quand on est déjà morte ?

Ils sont en train de t’assassiner, ne les aide pas ! Je sais que, dans ton silence, tu cries « ça suffit ! »

Lève toi ma soeur, tu n’es plus seule. »