– Lettre ouverte des survivantes du CAFES à Amnesty International : « Nous avons cru en votre volonté de faire de ce monde un monde meilleur »

Lettre ouverte à Amnesty International

Par les survivantes du Collectif d’aide aux femmes exploitées sexuellement, CAFES

PAYS

« Nous avons cru en votre volonté de faire de ce monde un monde meilleur, plus juste, un monde ou les droits de tous les humains seraient respectés et défendus, pas seulement ceux des hommes. Vous en avez déçu plus d’un, ainsi que de très nombreuses femmes. Nous sommes sidérés-es de constater que vous défendez subtilement et hypocritement les droits des proxénètes et exploiteurs et que vous acceptez de ce fait le marchandage et la commercialisation de femmes et d’enfants vulnérables.

D’importantes sommes d’argent reçu de la part de certains défenseurs du commerce du sexe laissent croire que vous l’endossez pour les mêmes raisons qu’eux, l’argent. L’argent avant les droits humains. Vraiment? En êtes vous vraiment rendus là? La position que vous avez prise à propos de la prostitution laisse planer de sérieux doutes sur vos réelles ambitions, motivations et valeurs.

Vous appuyez et souhaitez décriminaliser complètement une industrie aussi florissante d’un point de vue économique que meurtrière d’un point de vue humain, que devons nous en pensez, nous qui avons failli être avalées par cette industrie, nous qui vivons quotidiennement avec les conséquences de sa violence et les traumatismes qu’elle nous a laissée? Que devrions nous penser de vous qui ignorez notre parole et l’existence de ceux et celles d’entre nous qui ne peuvent s’exprimer à cause de la violence même de cette industrie? Nous ignorer et ne pas tenir compte des études et méta analyses qui démontrent clairement que les droits de nombreuses femmes et enfants sont bafoués dans la prostitution est une grave erreur de votre part. En cautionnant la prostitution, vous avez perdu toute crédibilité.

Votre discourt pro travail du sexe et vos justifications pour le tenir sont absurdes et répugnants pour celles qui après les avoir cru de la bouche de l’industrie ont ‘’choisi’’ la prostitution et ont failli y laisser leur peau. Ils le sont aussi pour ceux et celles qui défendent et tiennent réellement aux droits humains. Bien que vous soutenez vouloir éviter que cette industrie fasse des victimes, vous ignorez la parole de celles qui en sont sorties et savent que réglementer la violence est impossible. Vous ne parviendrez pas à éliminer la traite et les mauvais traitements infligés aux personnes prises dans l’industrie en défendant ceux qui les exploitent, mais vous faite mine de croire que oui pour ne pas perdre vos généreux donateurs. Cette attitude est indigne d’une institution qui se dit pour les droits humains.

Nous sommes plusieurs a avoir cru le discourt que vous tenez et a avoir voulu tirer profit de l’industrie du sexe. Nos expériences nous ont permis de constater qu’il était impossible de la réglementer pour que les produits-humains y soient respectés. Tant que vous continuerez de soutenir qu’il est possible de gérer un commerce où des humains sont le produit principal, nous continuerons de dénoncer votre position et d’appeler la population à vous boycotter. »

Écrit par Marie-Josée Michaud et Rose Sullivan, survivantes ayant « choisi » la prostitution, milité pour sa décriminalisation complète et changé d’idée devant l’évidence et l’horreur.

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